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Le train…

Le bruit du train.

L’enfant qu’on appelait David aurait voulu se boucher les oreilles, résister à ce fracas rythmé, à ce martèlement sourd dont le vacarme se faisait berceuse, prenant les rênes de ses pensées pour les diriger comme un chef d’orchestre. Écouter le bruit du train, c’était se condamner à ne plus pouvoir parler qu’en cadence.

« Je-ne-veux-pas-dormir… Je-n’ve-pas-d’mir… J’ne-vpas-d’mir. » Les mots se disloquaient et il devenait impossible de les prononcer autrement qu’avec une voix de robot déréglé… de ces robots de bande dessinée qui débitent les phrases en rondelles et poussent des hoquets de ferraille comme s’ils mâchaient des ressorts en guise de chewing-gum.

David se ratatina sur sa couchette. Il faisait noir et chaud dans le compartiment. Trop noir et trop chaud.

Le train filait dans la nuit, le mufle bas, accroché à ses rails, bête obstinée transperçant les montagnes par la blessure des tunnels.

David repoussa la couverture écossaise et alluma la minuscule veilleuse incorporée à la paroi. Oui, il se méfiait de la berceuse chantonnée par les roues. Dormir, c’était s’abandonner aux cauchemars, capituler, s’offrir aux prédateurs invisibles. Il se raidit. La sueur imprégnait déjà tous ses vêtements. Dans le compartiment un homme ronflait juste au-dessus de lui. En bas, à droite, une femme affublée d’un affreux pyjama rose se levait tous les quarts d’heure pour aller faire pipi. Dix minutes auparavant David l’avait vue allumer sa veilleuse pour avaler plusieurs comprimés tirés d’un tube de métal jaune.

« J’ai treize ans », pensa-t-il pour brouiller le bruit du train, « presque quatorze, je vais en pension pour la première fois de ma vie… et je suis mort de trouille. »

Il tenta de fixer son attention sur cette idée, mais il savait bien que sa peur ne provenait pas de cet unique motif. La couchette trop dure lui meurtrissait les reins.

« C’est comme dans ces vieilles histoires interplanétaires, se répétait-il. Les astronautes sont toujours allongés sur des couchettes qui leur meurtrissent le cul pendant des siècles… Et ils dorment pendant que la fusée traverse l’hyper-espace en diagonale, ils dorment pendant que leurs fiancées les oublient, que leurs enfants deviennent plus vieux qu’eux. Ils… »

Oui, mais lui, David, ne devait pas dormir.

Le train se ruait dans l’obscurité, et chaque cahot faisait courir au long des wagons des échos de collision et de tôles broyées. On avait l’impression que les voitures allaient se déshabiller de leur carapace à chaque tournant, semant dans la nuit portières et sièges. Le train roulait avec une précipitation de bête emballée qui ne daignera s’arrêter qu’une fois le crâne aplati sur les briques d’un mur.

David s’effrayait de cette course à l’abîme qui semblait ne devoir se terminer qu’au milieu d’un emboîtement de chair et de ferraille.

Il essaya de chasser son angoisse en se rappelant toutes les histoires qu’on colportait sur les trains de nuit.

… Les filles qui se promènent dans les couloirs, nues sous leur imperméable, et qui baisent dans le noir avec des inconnus… Oh ! Bon sang, il s’était pourtant bien promis de les épier, cette fois ! Jacky Shonacker lui avait affirmé que les voitures-couchettes étaient de « vrais bordels ambulants, et qu’au matin on dérapait dans les couloirs sur les préservatifs ».

« Ouvre les yeux, avait dit Jacky, et balade-toi dans la coursive sans boucler la braguette de ton pantalon. Tu m’en diras des nouvelles ! »

David ferma les yeux. Les images retombaient, molles. Le levain du fantasme ne prenait pas. Il n’entendait que le bruit des roues, haletant, syncopé, un murmure de machine qui disait : « Dors-petit-con-dors-Dor-p’tiko-dor… »

Il étouffait. La transpiration le collait au cuir de la couchette, et ses paumes chuintaient dès qu’il faisait mine de les bouger.

La fatigue alourdissait ses paupières et des larmes d’épuisement coulaient au coin de ses yeux. Il luttait depuis quatre heures contre l’assoupissement, quatre heures d’immobilité dans le sarcophage de la couchette, pris en sandwich entre d’autres dormeurs inconnus.

La lumière de la veilleuse coulait sur les dormeurs voisins, éclairant des chairs molles.

Dans le sommeil, les adultes avaient toujours l’air de se dégonfler, comme des pneus à la valve mal fermée. On les devinait affaissés, plus mous qu’à l’ordinaire. L’inconscience dissolvait leur squelette, les privait d’armature, les réduisait à l’état de mollusques. David plissa les yeux. La figure de l’homme, sur la couchette de gauche, n’était plus qu’un tas de replis jaunâtres.

« Elle se défait, pensa-t-il. Dès que leur volonté s’endort, ils perdent la maîtrise de leur visage, et leurs traits se brouillent… »

Du chewing-gum trop mâché. Voilà ce que devenaient les têtes des dormeurs : des amas percés de fentes. Un masque de guimauve qui coule et fond sous la chaleur.

David se frotta les yeux pour faire disparaître l’illusion, mais la gueule molle du ronfleur résistait à ce stratagème.

« C’est la lueur de la veilleuse, se dit David, elle est trop faible, elle ne parvient pas à dissiper convenablement la nuit. »

« Des moules, lui chuchotait une voix intérieure, de grosses moules hérissées de poils… Demain, à l’aube, ils aspireront deux grandes bouffées d’air, et l’oxygène fera disparaître tous ces plis. Ils se regonfleront, reconstruisant leur visage jusqu’au soir. Et à nouveau tu les croiras humains ! »

David s’agita. Cette idée lui faisait un peu peur. Il ne pouvait détacher son regard du profil mou du dormeur vautré sur sa gauche. L’odeur de sueur lui montait à la tête. Le train murmurait de plus belle : « Dor-pti-ko… Dor-pti-ko… » Et ses roues s’entrechoquaient telles des enclumes empaquetées de feutre. La berceuse revenait, sinueuse, sournoise.

« Non, décida David dans un dernier sursaut, je ne rêverai pas du garage ! Pas cette fois ! »

Il n’était pas question pour lui de plonger dans un nouvel épisode de ce cauchemar à rallonges qui le poursuivait depuis trois mois. Il ne rêverait pas du garage, avec son parking souterrain d’un million de cases numérotées… Il ne reverrait pas le garage avec ses piliers de ciment harnachés d’extincteurs. Non, surtout pas. Et pourtant, il lui semble que maman est au volant. La voiture vient de s’engager sur la pente bétonnée qui mène au parking. Les bruits se déforment déjà, comme lorsqu’on jette des cailloux dans un puits.

Maman sourit, mais ses lèvres sont crispées, et ses mains bougent trop vite sur le volant. David la regarde, de profil. Il la trouve jolie. Beaucoup plus jeune qu’elle ne l’est en réalité. Trente-cinq ans, c’est déjà vieux, non ? Il ne se rend pas bien compte, ça lui paraît énorme, et ça l’effraie même un peu.

Maman conduit au ralenti, les yeux plissés par l’attention. Le parking est mal éclairé, et sa plaine bitumeuse a des reflets huileux.

— Je n’aime pas cet endroit, dit maman.

En réalité, elle se nomme Lucie. David aimerait mieux l’appeler Lucie que M’man, mais il n’ose pas bouleverser les mauvaises habitudes nées de l’enfance.

— Il paraît que ce garage peut servir d’abri antiatomique, lance-t-il d’un ton gouailleur qui sonne faux. On l’a construit pour résister au souffle des bombes et aux radiations.

— Bon sang, souffle Lucie, je me demande s’il ne vaudrait pas mieux être carbonisé par l’explosion que de se retrouver prisonnier de cette caverne pendant des années !

David glousse bêtement. En fait, il est comme sa mère. Il n’aime pas s’aventurer sur le parking. Pour le moment ils sont encore protégés par la coquille de la voiture mais tout à l’heure il faudra descendre, claquer les portières… et marcher à découvert. Seuls, vulnérables. L’automobile n’en finit pas de descendre la rampe d’accès. Maman se tient légèrement penchée sur le volant, comme une écolière studieuse se préparant à passer le permis de conduire.

La scène se situe cinq minutes environ avant que la chose n’arrive. David retrouve les odeurs lourdes qui stagnent entre les piliers. Huile, essence, caoutchouc… Il a l’impression de pénétrer dans une écurie peuplée de chevaux de fer. Et les bêtes l’observent de leurs yeux de verre jaune. Des dents de chrome sortent de leur bouche. Elles sont là, alignées flanc contre flanc entre les piliers. Comme si elles savaient que dans moins de quatre minutes la chose va se produire. Leurs calandres dessinent de mauvais sourires dans la pénombre, et leurs capots semblent bâiller comme bâille la bouche d’une bête en attente, et qui respire plus vite qu’à l’accoutumée.

Maman est là… Intacte pour quelques minutes encore. Avec sa jupe jaune qui se retrousse sur ses cuisses un peu fortes. Elle a trente-cinq ans et la tête pleine de tracas ménagers. Son plus gros souci pour l’heure est de savoir où trouver l’argent nécessaire à la location du bungalow de Cape Mellow, là où ils passent chaque année leurs vacances. Elle pense au réfrigérateur qui ne parvient plus à conserver les surgelés au-delà de deux heures et laisse lâchement fondre les glaces dont David est si gourmand. Elle songe qu’elle a bientôt trente-six ans et qu’elle n’a pas fait une seule fois l’amour depuis son divorce, il y a vingt-cinq mois de cela. Elle sait qu’elle devrait prendre un amant, mais elle a peur des réactions de son fils. Oui, il y a David. Et le frigo, et l’argent des vacances. Et son travail à l’agence qui cafouille. L’avenir lui semble bouché, noir. Elle a envie de pleurer, là, au creux de cette caverne rectangulaire. Elle se croit malheureuse et ne sait pas que la chose est déjà en marche. Qu’elle la suit des yeux… qu’elle se déplace de pilier en pilier comme un animal courant parallèlement à sa proie, de fourré en fourré.

La voiture s’engage dans la travée A. Le bruit du moteur roule et gronde, amplifié par la voûte. David a le souffle court. L’air s’est soudain raréfié à l’intérieur du véhicule. Il lui a semblé détecter une ombre entre les voitures au repos. Une ombre… anormale. Une ombre qui se déplaçait courbée, à la manière d’un prédateur. Il a envie de dire : « Fais marche arrière, M’man, sortons de ce trou. »

Une boule lui bloque la gorge. La pénombre est trop noire autour d’eux. C’est comme… un gaz empoisonné dont les volutes encercleraient la petite voiture jaune.

« Sortons de ce trou, M’man », mais les mots ne franchissent pas ses lèvres.

— Remonte ta vitre, dit M’man.

« Non ! hurle la voix qui vibre dans la tête de David, n’ouvre pas la portière ! Tant que tu n’auras pas posé le pied sur le parking tout sera encore possible ! »

Mais Lucie ne perçoit pas les vibrations du danger. Elle pense à des choses sérieuses : l’argent. Le chéquier, les papiers bleus des factures…

L’éclairage du plafonnier accentue les petites rides au coin de ses yeux. Et soudain, malgré la jupe trop courte, elle a bien trente-cinq ans, les paupières lourdes et les premiers moutonnements d’une cellulite sournoise en haut des fesses. Elle est fragile. Trop onctueuse, presque molle. L’agence, le frigo qui déraille, les traites impayées ont peu à peu entamé son potentiel de défense. La réalité a mangé son instinct, émoussé ses sens. Elle a perdu son animalité. David, lui, est encore neuf. À travers la vitre du pare-brise, il croit voir des onomatopées de bande dessinée s’inscrire sur les ténèbres :

Crac… crac… Frrr… Des lettres rouges qu’on emploie dans les albums pour signaler la présence d’une menace. D’une menace en marche.

— Remonte ta vitre, dit M’man.

La scène se déroule presque au ralenti. David écarquille les yeux. C’est la dernière fois qu’il verra M’man intacte, mais il ne le sait pas encore. après elle n’aura plus jamais cette étincelle gamine au fond du regard. après elle n’aura plus jamais cette dégaine charmante d’adolescente attardée. Ce côté « madone des campus » qui plaît tant aux copains de David.

« Je suis une cheerleader montée en graine », dit-elle souvent en s’observant dans le miroir de la salle de bains. « C’est vrai que tes amis me prennent pour ta sœur ?»

Oui, M’man. Mais en ce moment il y a la méchante petite lumière du plafonnier qui te creuse la peau autour des yeux. Partons, M’man, partons… mais David n’a rien dit. La main de Lucie se pose sur la poignée de la portière. C’est fini, il est trop tard. Tout est joué. Le monde va basculer. Ce n’est plus qu’une question de secondes.

David sort, contourne le véhicule.

Et soudain quelque chose lui tombe sur la nuque. Une enclume, un pilier, un coffre-fort rempli de briques. Il ne sait pas, mais l’univers explose sous ses yeux en une myriade d’abeilles phosphorescentes qui bourdonnent, et qui bourdonnent…

Il s’écroule sur le capot qui sonne comme un gong, et s’affaisse doucement, la joue sur le pare-chocs. L’odeur chaude du moteur le submerge et lui donne envie de vomir.

— T’occupe pas du gosse, lance une voix vulgaire, croche la nana, vite !

M’man hurle, mais son cri se casse net, comme si une main venait de se plaquer sur sa bouche. David voudrait se relever mais il n’est plus qu’un grand pantin de coton qui trempe dans l’huile de vidange. Une étincelle de lucidité virevolte encore entre les parois de son crâne, et une flaque chaude se forme à la hauteur de sa nuque, là où la matraque l’a frappé.

Un combat désordonné se déroule de l’autre côté de la voiture, mais David ne voit rien, que des ombres confuses. M’man pousse des gémissements inarticulés tandis que des étoffes se déchirent.

 

« Je dois aller à son secours ! » hurle silencieusement David, mais il reste couché dans la graisse, la joue sur le chrome du pare-chocs. Et soudain quelque chose est jeté dans son champ visuel. Un lambeau de tissu déchiqueté… Une petite culotte jaune bordée de dentelles. Une petite culotte qu’il a souvent vue sécher sur un fil dans la salle de bains. La culotte de Lucie.

Mais pourquoi lui ont-ils enlevé sa… (tu le sais bien, p’tit con ! Pourquoi jouer au bébé ? tu le sais !) Il ferme les yeux, et les larmes le submergent tandis qu’il urine dans son pantalon. Des images déferlent sur sa conscience qui sombre. M’man qui sort la tarte aux pommes du four. M’man qui rit en décorant l’arbre de Noël… M’man qui tricote en regardant un vieux thriller d’épouvante à la télévision, et qui fait mine de se cacher derrière ses pelotes de laine.

Et des images plus vieilles encore, quand M’man le conduisait à l’école des petits et qu’ils marchaient côte à côte en se donnant la main. À travers ses moufles, il sentait la peau douce des doigts de sa mère. Il y avait toujours de la neige et des vitrines remplies de jouets.

Les images s’estompent, gommées par le chiffon de tissu du slip en lambeaux. On en a déchiré la couture et craqué l’élastique. David voudrait s’évanouir très vite maintenant pour ne plus entendre les grognements des hommes de l’autre côté de la voiture. Il imagine que des porcs à la carapace cloutée sont en train de dévorer sa mère. Ils grognent, grognent…

Le pare-chocs lui meurtrit la joue et lui défonce la mâchoire : Il a l’impression, ainsi couché entre les butées de chrome, de se préparer à enfourner sa tête dans la gueule d’un lion.

« M’man… M’man, où es-tu ? Je suis couché dans la graisse et j’ai peur. » Je sais que maintenant plus rien ne sera jamais comme avant. Il y aura toujours entre nous cette petite boule de tissu jaune abandonnée dans la poussière d’un parking.

Ce triangle bordé de dentelle qui me faisait monter le rouge aux joues quand je le surprenais sur la corde à linge du cabinet de toilette. Le capot de la voiture se soulève, dévoilant deux rangées de dents chromées. Le moteur grouille d’une trépidation viscérale. Le capot se rabat, comme une mâchoire, claquant à quelques centimètres de la joue de David.

Il faut qu’il se redresse s’il ne veut pas finir dévoré par le véhicule affamé. Il faut qu’il sorte du parking pour aller chercher de l’aide. Il essaie de s’asseoir, mais les lignes jaunes peintes sur le sol se sont mises à onduler ; longs serpents sans épaisseur, elles détricotent les cases des emplacements numérotés pour couler vers le garçon et se nouer autour de ses chevilles.

« Elles vont m’envelopper de leurs bandelettes, songe David, et me transformer en momie égyptienne ! »

Il crie, de ces cris silencieux et effrayants qu’on pousse dans les rêves tandis que les serpentins jaunes s’enroulent autour de lui, le garrottant, l’empaquetant. Il ne peut plus remuer. Il étouffe. Les voitures libérées ont commencé à se battre, se cabossant mutuellement les ailes. Elles veulent toutes dévorer David mais l’enfant est bien trop petit pour les nourrir toutes. Mince momie aux bandelettes jaune citron, il gît dans l’huile et la poussière à moins d’un mètre de la boule froissée d’une petite culotte féminine aux dentelles déchirées.

M’man… gémit l’enfant sous le bâillon des pansements.

M’man… Mais personne ne l’entend. Et les grognements des cochons couvrent ses plaintes.

 

David se redressa d’un bond sur la couchette et son front heurta violemment une surface dure non identifiable. Le choc le rejeta sur le drap, la bouche grande ouverte, à demi assommé.

« Petit con… Tu as fini par t’endormir, et le rêve est revenu, comme toutes les nuits depuis trois mois. Il fallait prendre les pilules que t’a données le toubib de l’hôpital. Une avant de t’endormir, il a dit. Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?

— Parce que j’avais peur de manquer l’arrêt et de dormir jusqu’au terminus. Avec ces saloperies on se transforme en zombi. Il ne faut pas que je m’habitue. Quand je serai à la pension je ne pourrai plus rester au lit jusqu’à midi… Et si je dors en classe, sur mon pupitre, qu’est-ce qu’on me dira ? »

David posa la main sur sa poitrine pour comprimer les battements de son cœur. Le premier soporifique auquel on l’avait d’abord soumis lui avait déclenché de curieuses crises de tachycardie dont il subissait encore les séquelles à la moindre émotion.

Le jour filtrait, grisâtre sous le rideau obturant la fenêtre. Dans vingt minutes le train s’arrêterait en gare de Triviana… Et une nouvelle vie commencerait. Une vie de pension et d’uniforme, comme on n’en voyait plus que dans les vieux films en noir et blanc des ciné-clubs. Une vie de collège à dortoirs, à pions, à « dimanches-consignés ».

Les « dimanches-consignés », David s’en moquait. Personne ne l’attendait plus au-dehors maintenant que M’man était entrée en cure dans cette clinique pour dingues. On ne savait pas quand elle en sortirait. Personne n’avait pu le lui dire. Personne, pas même grand-mère Sarah.